Donny et Raph ont un plan. Du moins, ils pensent en avoir un. En pleine nuit, ils s’introduisent dans un entrepôt pour le cambrioler. Mais à peine ont-ils mis les pieds à l’intérieur que l’alarme se déclenche, verrouillant toutes les issues. D’abord, ils cherchent un moyen de fuir. Très vite, leurs tentatives sombrent dans la désillusion.
Coincés sans échappatoire, avec la police supposément en route, ils n’ont d’autre choix que d’attendre. Quelques minutes. Peut-être quelques heures. Peut-être plus…
C’est là, dans cet ennui interminable, que commence leur véritable enfermement. Dans cet entrepôt devenu lieu de vie, Donny et Raph remettent peu à peu en question leurs identités, leurs conditionnements, et leur vision du monde. Donny, adepte de développement personnel aux accents virilistes, tente de garder le contrôle – mais doit bientôt faire face à ses contradictions. Raph, plus lunaire, semble quant à lui s’épanouir dans cet espace clos qu’il peut enfin façonner à sa guise. Entre tentatives d’évasion ratées, crises existentielles, jeux absurdes, fantômes du passé (littéralement !) et théories quantiques foireuses, leur huis clos devient le théâtre de discussions absurdes, de moments de complicité et de situations aussi cocasses qu’inespérées.
HOLD UP est une série courte en huis clos, construite sur un concept simple : deux personnages, un lieu unique, et un braquage qui vire à l’implosion mentale. Chaque épisode explore un thème – la virilité, le contrôle, l’échec, l’ennui, l’identité – avec une tonalité oscillant entre comédie absurde, satire sociale et drame existentiel.
Regardez une maquette d’épisode :
Le point de départ de Hold Up est simple : “Et si, au lieu de fuir après avoir déclenché l’alarme, les braqueurs restaient coincés sur place, contraints d’attendre – et qu’on reste avec eux ?”
Très vite, le braquage devient un prétexte : l’enjeu n’est pas la fuite, mais l’immobilité. Ce n’est plus un thriller, mais un huis clos comique où la tension sert à démonter les constructions mentales de ses personnages.
Coincés dans cet entrepôt verrouillé, Donny et Raph se retrouvent face à eux-mêmes. Isolés du monde extérieur, ils doivent composer avec leurs idées fixes, leurs fantasmes, leurs identités construites.
Donny, adepte de développement personnel aux accents virilistes, tente de garder le contrôle et d’imposer une vision rationnelle et autoritaire de la situation – jusqu’à ce que ses propres contradictions le rattrapent. Raph, plus lunaire et sensible, semble au contraire s’épanouir dans ce monde clos qu’il peut enfin façonner à sa guise. À deux, ils forment un duo comique aux dynamiques inversées, piégés pour le meilleur et surtout pour le pire.
Chaque épisode (2 à 3 minutes) fonctionne comme une variation autour d’un thème : la solitude, la masculinité, l’identité, la spiritualité, le libre arbitre… Dans cet espace où le temps semble s’étirer à l’infini, les personnages se révèlent, malgré eux, au spectateur comme à eux-mêmes.
La série accueille aussi des personnages secondaires absurdes : un fantôme qui hante les lieux, un service après-vente d’alarme inefficace, un coach de vie insupportable… Ces intrusions inattendues viennent déclencher de nouveaux déséquilibres dans le duo, tout en renouvelant ponctuellement la dynamique de chaque épisode.
Le ton de Hold Up se situe quelque part entre comédie absurde et drame doux-amer. En effet, Hold Up traite à travers l’humour de thématiques plus intimes, avec des échappées vers le fantastique ou la SF, et des personnages radicalement contrastés.
Visuellement, j’ai voulu m’éloigner de l’imagerie classique du braquage (cagoules, noir, virilité brute) pour aller vers une esthétique plus rétro et cinématographique. Des références comme Drive (Winding Refn), Fight Club (Fincher) ou The End of the F**ing World (Entwistle) illustrent bien l’ambiance recherchée.
Mis à part le pilote, qui s’intègre comme le point de départ de l’histoire, chaque épisode peut être visionné de manière indépendante. Néanmoins, l’ensemble s’inscrit dans une continuité narrative qui enrichit l’expérience des spectateurs les plus fidèles.
Hold Up est une série qui trouve son essence dans le contraste entre le dynamisme attendu d’un braquage et l’immobilisme imposé par une situation sans issue. Avec des dialogues farfelus et des personnages attachants, la série propose une exploration comique et absurde de sujets actuels, le tout dans un format court et accessible.
Donny et Raph sont postés dans une camionnette devant l’entrepôt qu’ils comptent cambrioler. Mais alors qu’ils doivent passer à l’action, Raph à une envie pressente qui manque de les faire repérer.
L’alarme s’est déclenchée et que les portes sont verrouillées. Donny tente de la désactiver à l’aide d’un manuel… écrit en allemand. Pendant ce temps, Raph sirote frénétiquement un jus de pomme pour calmer son anxiété. Après plusieurs tentatives râtés, Donny finit par court-circuiter le boîtier de l’alarme avec le jus. L’alarme s’éteint, mais les plombs ont sautés.
Alors que Donny tente de rétablir l’électricité, Raph fait une crise de panique. Il se confie à Donny et s’épanche sur son enfance. Donny, bien décidé à l’aider, lui parle de « mindset », de ninja et d’une technique développement personnel ancestrale : l’œil du cyclone…
Donny appelle le service client de l’alarme dans l’espoir de sortir de l’entrepôt. Mais le cauchemar administratif commence : renvois en boucle, conseillers interchangeables et incompréhension totale. Donny s’épuise, perd patience, pendant que Raph sirote son jus de pomme… et finit par obtenir plus de résultats que lui.
Donny se demande s’ils sont de “vrais mecs”. Raph tente de définir la virilité, ce qui les entraîne dans une envolée délirante sur Antonio Banderas : mâle alpha par excellence !
Raph improvise une stratégie absurde : simuler une prise d’otage avec une marionnette humanoïde bricolée à partir de déchets, qu’il baptise “Ghislain”. Convaincu que ça pourrait attendrir la police, il joue toute la scène, négociation incluse… Sous l’œil sceptique de Donny.
En pleine nuit, un fantôme surgit dans l’entrepôt. Elias Louvet, ancien boucher mort ici en 1989, revient chaque année à 3h14. Tandis que Raph tente de le recruter pour les aider à sortir, Donny s’emballe sur les questions existentielles : Dieu existe-t-il ? Le libre arbitre est-il réel ?
Résignés, Raph et Donny laissent remonter leurs rêves avortés et leurs ambitions inabouties. Marathon, avoir un restaurant mexicain ou monter un groupe de rock, ils empilent les idées loufoques dans une tentative maladroite d’exorciser leurs frustrations.
Donny propose à Raph de l’interroger comme un flic, pour prouver qu’il peut incarner n’importe quelle identité. Raph prend son rôle très au sérieux et pousse l’interrogatoire jusqu’à faire exploser Donny, qui s’embrouille dans ses propres mensonges.
Donny tente d’expliquer à Raph la célèbre expérience du chat de Schrödinger. L’écran se divise en deux et nous suivons deux timelines en parallèle : L’un des duos s’échappe, l’autre reste.
Donny se veut leader. Structuré, affirmatif, toujours en quête de maîtrise.
Dans sa tête, tout est logique : un plan clair, une mission, une sortie de secours. Il se rêve en stratège froid, charismatique et efficace, façon Tony Montana. Pour maintenir cette image, il s’impose un régime strict d’auto-discipline mentale, inspiré de formations de développement personnel, de citations de pseudos males alphas et de théories fumeuses sur le « mindset ». Il pense qu’en contrôlant ses émotions, il dominera les événements… et les gens.
Mais ce vernis craque vite. Face à l’attente, à l’inactivité, à l’absurde, Donny perd pied. Plus il essaie de garder la main, plus les choses lui échappent. Sa rigidité devient un handicap, son obsession pour la réussite vire à la panique déguisée. Coincé avec Raph – qui incarne tout ce qu’il ne comprend pas : l’irrationnel, la naïveté, la vulnérabilité – il tente de réaffirmer son rôle de chef, souvent dans le vide.
Donny est un homme pris à son propre piège : celui d’un modèle masculin qu’il a construit de toutes pièces pour échapper à lui-même. Et c’est en essayant désespérément de jouer un personnage qu’il commence, malgré lui, à se révéler.
Raph a toujours des idées invraisemblables… mais qui fonctionnent ! Là où Donny cherche à tout maîtriser, Raph dérive, divague, imagine. L’enfermement ne l’écrase pas : il le stimule. Il transforme l’entrepôt en aire de jeu mentale, en décor à rêveries, en théâtre pour ses scénarios improbables. Il construit des marionnettes, improvise des prises d’otage, fait ami-ami avec des fantômes et fasçonne un environnement à son image.
Raph a quelque chose de l’enfant mal adapté : trop sincère, trop étrange, trop libre. Ses interventions frôlent souvent l’absurde, mais elles tombent souvent juste. Il échappe aux cadres, aux rôles, aux définitions. Même lui ne sait pas très bien qui il est, ni ce qu’il veut — il est justement libre de repères à ce niveau là. Si bien qu’il s’efforce d’appliquer les conseils de Donny à la lettre, espérant voir dans les yeux de son camarade la fièrté qu’il aurait voulu voir dans le regard de son père.